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dimanche 12 mai 2013

Jean Bernard

De plus en plus coton à trouver les jaquettes des éditions de la Librairie des Champs Elysées pour la collection Le Masque. Celle-ci est signée Jean Bernard, sur lequel voici un topo trouvé ici : http://www.polars.org/article36.html 

Jean Bernard a créé prés de 210 couvertures pour cette collection dont les numéros 106 à 288, des jaquettes pour le Prix du roman d’Aventure et les 21 premières jaquettes de la série Emeraude. Il est né le 21 Mars 1913 à Paris, son véritable nom est Jean Maurice José Stetten. En 1930, il est élève au lycée Carnot à Paris. Ami de la famille, A. Pigasse, qui vient de créer la collection, remarque ses talents de dessinateur et lui demande de réaliser des couvertures. 

Jean Bernard en 1993, sa première jaquette pour Le doigt volé de Steeman en 1930. Enthousiaste, le jeune homme accepte et signe sa première jaquette sous le nom de J. Stetten pour le roman "Le doigt volé" de S.T.Steeman. Il dira pour cette première création : "[...]. Je m’en souviens très bien car, m’étant fracturé l’avant-bras peu de temps auparavant, je pris comme modèle pour la réaliser, la radiographie de ma propre main. Un lecteur écrivit pour dire qu’il ne s’agissait pas là de la main d’un homme. Évidemment, à dix-sept ans les os ne sont pas encore soudés, et j’avais dessiné exactement ce que je voyais[...]". Il a réalisé une jaquette passe-partout dite "Poste de police". Elle est utilisée à partir de 1937 pour remplacer des jaquettes non renouvelées. 
Ces études terminées, il est engagé par M. Pigasse comme directeur artistique jusqu’en 1939 où il part pour la guerre. De son lieu de cantonnement, il continue à envoyer des illustrations. En 1941, il quitte définitivement la collection et part pour Lyon où il montera une agence de publicité. Il écrit : "Je ne suis pas revenu au "Masque" où Albert Pigasse souhaitait me conserver, car je voulais montrer que j’étais capable de faire quelque chose tout seul [...]". 

Simone Jean Bernard remplace son mari parti à la guerre en 1939. Elle est née à Paris 8°, le 3 janvier 1918. Elle n’a jamais collaboré avec lui. Il lui envoie des esquisses avec un descriptif de couleur. Elle dessine les jaquettes du n°289 " Le mal pour le bien " de G.W.Bain au n°325 " Le notaire a perdu la tête" de L.R.Lefèbvre. Les couvertures sont toutes signées de son nom. Elle signe une cinquantaine de jaquettes et elle illustre aussi la collection Émeraude à partir du numéro 22. 


jeudi 20 janvier 2011

Gérard Failly et quelques autres / Folio Policier

Passons à quelque chose de beaucoup plus soft avec les illustrations des Folio Policier de la fin des années 1980. Nombre d'illustrateurs ont embelli les couvertures de quelques grands classiques. Quelques exemples:
- Ed McBain. N'épousez pas un flic. 1988. Ill. de Gérard Failly
- William R.Burnett. Quand la ville dort. 1989. Ill. de Rozier-Gaudriault
- James Eastwood. Bas les masques. 1987. Ill. de Gérard Failly
- Horace McCoy. Adieu la vie adieu l'amour... 1987. Ill. de Donald Grant
- David Goodis. L'allumette facile. 1987. Ill. de Gérard Failly
Nous reviendrons je pense sur Gérard Failly qui produisit les plus belles d'entre elles ainsi que nombre de couvertures pour la collection jeunesse Chair de Poule.

jeudi 23 décembre 2010

jeudi 16 décembre 2010

les jolies "Presses Noires"

De 1964 à 1972, les éditions Presses Noires ont proposé à un fort lectorat des romans policiers de poche de très belle facture. Nombre de couvertures furent illustrées par le grand James Hodges au trait aussi reconnaissable que celui des frères Giordan ou de Jihel. Au catalogue, nombre d'auteurs sous pseudonymes dont l'immense André Héléna (Noël Vexin) ou Maurice Raphaël aka Victor Le Page (Ange Gabrielli) et beaucoup d'autres.
Comme nombre de collections de littérature populaire, les Presses Noires couraient les rues avant de presque disparaïtre. Petit conseil aux collectionneurs novices, ramassez les dans les vide-greniers avant de ne plus en voir. Sinon vous vous mordrez les doigts comme les (presque) vieux cons comme moi qui choisissaient les Elvifrance à 50 centimes (de franc) dans les dépots-vente de province au lieu de tous les ramasser et qui maintenant les paient 3 euros pièce ou plus.
Un aperçu des diverses maquettes (+ d'infos et de scans ici)

lundi 5 juillet 2010

Noir retro - Editions Plon, 2010.

Pour les amateurs de vieux bidules populaires tout bizarres, les occasions de se réjouir en librairie sont assez rares. Alors le jour où j'ai appris que Plon, éditeur dont je n'attends à peu près rien, sortait une collection de rééditions de vieux polars de gare (mais pas que), mon sang s'est mis à imiter les flots du Yang-Tsé-Kiang à l'intérieur de mes veines, débordant de mon corps tel un tsunami horrifique. En gros j'étais jouasse. Au programme des festivités de "Noir retro", deux titres déjà parus en librairie:
Attention les fauves de Brice Pelman, un roman noir à peu près bien mais hélas pas transcendant sorti au Fleuve Noir en 81.
Le topo: deux jumeaux, Marieke et Patrick, vivent avec leur mère sur les hauteurs de Nice. Jourdain, leur voisin un peu malade des boyaux de la tête et de la zigounette, viole la mère et la tue en l'étouffant. Les enfants découvrent le corps de Doria et décident alors de tout faire pour éviter la pension. Un seul moyen s'impose à eux, faire comme si leur mère était toujours en vie, ne prévenir personne. On se doute bien qu'une telle situation est intenable. Débute alors un huis-clos assez captivant tout de même, tendu, noir et bien mené malgré une écriture assez pauvre qui plombe un peu le sujet du livre qui lui, était taillé dans l'or le plus pur. Un peu dommage mais tout cela n'est pas bien grave car le deuxième titre est un classique d'Auguste le Breton, Du rififi chez les femmes! Et c'est encore moins grave car on annonce pour les prochains mois Rictus de Ferrière, Le demi-sel d'André Héléna (grandiose!), Le doulos de Lesou et Noël au chaud de G.J. Arnaud !
Pour couronner le tout, les maquettes ont de la gueule (V.Podevin à la création graphique, dites moi que c'est une blague), c'est moins de 10 euros et c'est foutrement bien fait (petit topo sur l'auteur, bibliographie, reproduction des couvertures originales). Manquait qu'une préface mais on n'a pas tellement envie de reprocher quoi que ce soit à une si noble initiative!
D'ailleurs, Nathalie Carpentier, très chère directrice de cette collection, j'ignore qui vous êtes mais je vous aime de tout mon sang!


samedi 27 février 2010

Doris Night, qui es-tu? Donne moi encore du plaisir


En voilà un petit pulp bien navrant comme je n'en avais pas lu depuis belle lurette! Publié aux mal nommées éditions Baudelaire, spécialistes du bidouillage, du repiquage, du détournement littéraire. J'ignore de quelle langue ce livre est traduit ou adapté (par Jacques Marcireau et Fliezer Fournier, si tant est que Fliezer soit un prénom humain), en tout cas il semble être écrit en langue française. Ou quelque chose d'approchant tant le style est réduit à un minimum de correction grammaticale suffisant à percevoir le sens du texte. J'exagère, mais à peine.
Ronnie Chew est un criminel recherché dans plusieurs états. Un jour il pénètre par la fenêtre dans le cabinet du chirurgien May à qui il suggère, en lui pointant un flingue sur la tempe, de lui refaire le visage contre une forte somme. May tourne une demi fois le serment d’Hippocrate dans sa bouche avant de réfléchir et... accepte. Sandra, la secrétaire frappe à la porte et entre. May la congédie fissa mais elle a juste le temps d’apercevoir son docteur tout suant des rides du front et la présence d’un autre individu. Louche tout ça. Quelques jours plus tard, après que May lui a donné un congé pour qu’elle ne découvre rien, elle aperçoit un rouquin sortir de l’immeuble par la fenêtre, il la voit et la frappe avec la crosse de son arme. Heureusement, elle avait un chignon, sa vie est sauve, youpi ! Et vivent les tifs!
Elle alerte les flics qui découvrent le médecin mort comme la racine des cheveux noirs de Ronnie Chew, qui est désormais roux si vous avez un tant soit peu suivi l’histoire nullissime que j’essaie de vous raconter. Les flics soupçonnent la pauvre et belle Sandra d’être complice de Ronnie, car ce gros alpha beta gamma a laissé des empreintes et des tas de mégots... Voilà donc entamées 150 pages de course poursuite après le plus couillon de tous les criminels de l'Est!
Ahh quel suspense! Retrouveront-ils le bandit au « visage compleèen ranformé » (p.69)? On est en droit de se poser la question... Surtout que la tâche n'est pas facile. Pour l'auteur non plus d'ailleurs car il faut les meubler ces 150 pages, alors, eh bien, on va parler des Noirs tiens...
p.43: « Ils se turent tous les deux. D’autres voyageurs montèrent et quelques uns descendirent aux divers arrêts. La majeure partie, c’était des Noirs. Il y a beaucoup de Noirs à la Nouvelle Orléans ». Voilà, ça c’est dit. On a bien planté le décor maintenant.
Il y aura encore beaucoup de choses à dire des Noirs, en plus du fait qu'ils soient nombreux dans cette région des Etats-Unis d'Amérique j'entends... par exemple ils vont dans des clubs de Noirs. Faire des trucs de Noirs.
p.84 : « Ils pouvaient se livrer à leurs distractions favorites : danser, sauter et même se rouler par terre. »... « Pour ce qui est de sauter, on sautait aussi, lorsque le rythme de la musique y invitait » Moi je croyais que les Noirs, avec ou sans musique, sautaient et se roulaient par terre tout le temps... Heureusement que Doris remet les pendules à l'heure.
Bref, passons ces considérations ethnologiques qui nous dépassent un peu. Le but c'est de retrouver un type, qui n'est même pas noir d'ailleurs, il est juste brun, enfin il est devenu roux. Et ça se passe à la Nouvelle Orléans, là où il y a beaucoup de Noirs on a vu... Mais pas seulement :
p. 72: « Les problèmes commençaient à se simplifier. Il suffisait maintenant de trouver un rouquin vêtu de gris, mais dans une grande ville comme la Nouvelle-Orléans où abondaient les rouquins vêtus de gris, surtout à cette période de l’année, la tâche [humour rouquinier involontaire?] ne serait pas facile ». Eh oui, parce qu'il y a des périodes de l'année pendant lesquelles des hordes de rouquins vêtus de gris envahissent les rues avant de retourner dans leur pays de roux sous la terre, l'Agartha des roux!
Bref, la vie est dure, les soucis s'accumulent et les criminels, pendant ce temps, ils fuient, et ils essaient de tuer des jolies jeunes filles comme la secrétaire du docteur. Mais encore faut-il que ce navet de tueur à deux balles retrouve la belle pépée qui fuit aussi vite que les pages défilent:
p.78 (6 pages plus loin donc...): « Où habitait la fille ? Dans une des chambres de droite ou dans une de celles de gauche? Il décida d’explorer d’abord les chambres de droite. Dans aucune d’elles il ne découvrit Sandra. C’était sans doute à gauche quelle logeait ». Sans aucun doute, oui...
Mais bon, cette femme est rusée, c'est tout à son avantage. Son seul tort c'est quand même d'être une femme car: « Comme Sandra appartenait au sexe faible, elle se sentait des préférences accusées pour les hommes ayant du caractère et de la personnalité, et elle se laissa prendre par le bras sans protester. Horton lui sourit d’un air engageant ». Ahh ce fameux Horton, flic au grand coeur et séducteur devant l'éternel, il aura donc eu beaucoup de mal à la séduire la pauvre petite qui a perdu son papatron de toubib au bistouri malhonnête...

Si on arrêtait là tiens... j'ai mal au clavier... et un peu aussi aux neurones d'avoir osé m'immiscer dans ce régal de petit polar, ce lvre formidabl dan leque il manque envron huit letres par pag, emporté par « le vertige du rock-ans-roll » (p.88).
Merci Doris Night, merci la collection Détective Pocket! Merci les éditions Baudelaire, Bel Air et compagnie! Et à bientôt!

Doris Night. Passez Mr l'Assassin, Ed. Baudelaire, 1963. Couverture de Hodges

lundi 25 août 2008

Some of my favorite Jef de Wulf: "Crime parfait?"

J'ai un gros faible pour les couvertures que De Wulf a créées pour cette collection de l'Arabesque... Je n'en ai que 3 mais la quête a commencé!

jeudi 8 mai 2008

André Héléna. Le goût du sang


Il est toujours difficile pour moi d’évoquer de façon juste et objective un roman d’André Héléna tant cet auteur a touché quelque chose de vital en moi dans mes années d’adolescent. Un pessimisme radical, une noirceur qui colle au corps comme une pluie poisseuse un soir de novembre sur des pavés luisants d’espoirs déçus.
Le goût du sang fait partie des grands romans d’Héléna, de ceux qui dépassent largement la médiocre production alimentaire à laquelle il s’est restreint par faute de temps et de motivation. On touche ici, au contraire, à du grand art, à l’inscription dans un sous-genre d’un trait de plume existentialiste et vierge de tout chichi littéraire. Une bombe brute, noire et fatale.
Héléna situe l’action dans les lieux qu’il connait bien. Ici c’est Perpignan, pendant la guerre et après la Libération. Jacques Vallon est un jeune homme maladroit, laid, fils d’un magistrat qu’il méprise. Décidé, après mille renoncements, à surmonter sa timidité pour entrer dans un bordel afin de fêter l’obtention de son bac, Jacques se retrouve malgré lui, dans les toilettes du claque, témoin d’une conversation évoquant des meurtres de collabos. Surpris, le voilà, plus par fatalité que par réelle motivation, tueur dans la Résitance, lui qui jusqu’à présent prenait la vie comme un fardeau social, familial et (a)sexuel. Jacques déteste l’occupant et les collabos, mais pas réellement par principe. Ce qu’il déteste chez eux c’est leur pouvoir, ils ont l’argent et les filles. Ils ont tout ce qui lui manque. Il les effacera donc, avec son Luger, un par un. C’est alors que, peu à peu, au fil des exécution de miliciens, de pourris en tous genres, le gagne le « goût du sang » et que Jacques se métamorphose.
« A certains moments, au moment de tuer, quand on sent passer le souffle empuanti de la mort, un démon prenait l’enveloppe charnelle du fils Vallon. Et c’était ce démon fait homme qui tuait. » La fatalité poursuivra Jacques, comme on l’imagine bien, vers un final sans espoir, d’une noirceur tout simplement sublime et poétique dans sa radicalité.


(couverture de l'édition originale de Jef de Wulf, heureusement conservée dans la réédition Fanval)

mercredi 16 avril 2008

Léo Malet. Les Nouveaux Mystères de Paris

Ed. Robert Laffont, 50's.
Malet n'a pas terminé son projet, à savoir un livre par arrondissement.

vendredi 1 février 2008

Guillermo Arriaga. Un doux parfum de mort



Retour dans les méandres « mauvais genre » du polar avec un contemporain cette fois. Le mexicain Guillermo Arriaga est à la fois connu en tant que romancier et en tant que scénariste sur des films tels que Babel, 21 grammes, Amours chiennes ou Trois enterrements.
Un doux parfum de mort est tout d’abord paru chez l’excellent éditeur Phébus avant de renaître il y a quelques jours chez Points dans leur nouvelle (et plutôt réussie) collection consacrée aux romans noirs.
J’avoue que je ne connaissais pas Arriaga, ni de nom ni d’Eve, mais que sa lecture m’a donné envie d’approfondir mon approche du bonhomme.
Ce livre est, comme beaucoup des œuvres que j’aime, à peu près inclassable dans quelque catégorie que ce soit. Histoire d’amour trash post-mortem, western mexicain, roman noir, polar épicé, que sais-je…
Topo : Le fondement du Mexique, un trou perdu dans la canicule.

« C’est la nuit. La chaleur ne semble pas vouloir accorder la moindre trêve. Ni la poussière. La chaleur et la poussière poissent les corps. Les peaux exsudent de la terre. Des tourbillons de moustiques flottent dans l’air immobile et brûlant. Implacables, ils tourmentent les oreilles et piquent. Un trio de coyotes hurle dans la forêt. Les serpents à sonnette se tortillent sur les cailloux embrasés des sentiers. Les bêtes cherchent la protection des arbres contre le feu d’un soleil que l’obscurité n’a pas éteint. Au loin, la rivière et son grondement étouffé. Et la chaleur, la maudite chaleur qui asservit tout. »

Là si vous n’êtes pas dedans, c’est que vous n’avez pas lu… Il y a peu de passages descriptifs tels que celui-là dans le livre. Arriaga préfère dresser une galerie de portraits de types tout aussi pétés les uns que les autres, à qui visiblement le soleil a trop tapé sur le sombrero. Tous sont préoccupés par l’Evénement qui bouleverse leur petit patelin de Loma Grande, la mort d’une jeune fille, Adela, retrouvée nue et poignardée dans le dos. Dès lors, tous n’auront qu’une idée en tête, venger la petite (ou soulager leur haine) et dégommer le pourri qui a fait ça, qui qu’il soit, et même si ce n’est pas le bon… Ne comptez pas sur les flics pour changer l’ordre des choses, ils sont encore plus pourris que les autres.
Au milieu de tous ces allumés, Ramon, un jeune type qui gère le bar-épicerie du trou. Pauvre de lui qui se retrouvera « fiancé » à la défunte parce que tout le monde dit qu’ils étaient ensemble, lui qui ne l’a vue que trois fois… et qui sera chargé de tuer son assassin, un type accusé à tort de toutes ces atrocités… En gros personne n’a le bon rôle dans ce bouquin, excepté la connerie humaine qui elle est toujours à sa place.

Un bon livre donc, sur la bêtise des hommes, sur la violence la plus terrifiante, celle qui n’a pas de fondement autre que sa propre volonté de propagation. Un film, un jour ? Bientôt ? Peut-être ?

jeudi 17 janvier 2008

André Héléna. Rencontre chez Borniol.

Un drôle de type se pointe chez Jean Jérôme, la narrateur du bouquin et accessoirement un sale type attachant, pour lui annoncer la mort d’un certain Léonard, négociant en vins tué par balles, et dont la dernière volonté serait qu’il assiste à sa mise en bière. Etonnant car il ne le connait pas mais suffisamment intéressant pour attirer sa curiosité. Début des emmerdes…

Il y va, suivi de près par le costaud Dominique, son ami et garde du corps corse. Dans la salle, le cercueil est ouvert, entouré par une tripotée de malfrats et par une jolie jeune fille qui prétend être la nièce du défunt. Seulement Jean a beau regarder le macchabée, il ne le reconnait pas. Il comprend alors que tous ces types se sont gourés de client et veut en savoir plus. Personne ne voulant parler, les poings prennent le relais.
Jerôme et Dominique se réfugient ensuite dans un bar proche, où les rejoint la troublante jeune fille présente dans la chambre funéraire, Micheline Gayre…

Commence alors un polar plutôt classique dans lequel, à mes yeux, Héléna n’a pas eu le temps (ou l’occasion) de s’investir réellement et pour lequel il n’a pu fournir que les ingrédients demandés par l’éditeur. A savoir, un savant mélange de violence :

« Je regardai le type que j’avais flingué. Ses yeux commencaient à se révulser, les pointes de ses pieds raclaient le tapis et une mousse sanglante apparaissait à ses commissures. Il appareillait visiblement pour l’enfer. »

de légèreté :

« Une déesse c’était Micheline, une splendide statue païenne, avec des petits seins de marbre accrochés haut, un ventre plat, des hanches en amphores et, au milieu de son corps, une toison sombre qui prouvait qu’on peut être blonde comme une norvégienne et brune par certains côtés. »

Auquel Héléna rajoute, heureusement, car c’est ce qui sauve à mes yeux le livre, une dose de noirceur lourde et d’abjection existentielle. Jean Jérôme raconte qui il est vraiment à la fin du livre, un homme qui a fait une promesse, suite au viol et au meurtre de sa sœur, celle de la venger de la pourriture et de l’immondice qui enlaidissent notre monde :

« Je suis parti dans la nuit mouillée, comme un loup sur une piste, hagard, la tête haute et les doigts crispés sur mon automatique. Je savais où j’allais et ce que je voulais. Je le sais toujours et c’est la même chose » « Seul. Prêt à remettre la gomme dès qu’un de ces salauds m’en donnerait l’occasion ».

C’est précisément ça que j’aime chez Héléna, ces anti-héros confrontés à la poisse quotidienne, au sang cailleux qui vient se coller aux rayons du soleil, à la misère contre laquelle personne ne peut rien parce que… « la vie est dégueulasse » tout simplement comme disait Léo Malet. C’est souvent cette dimension supplémentaire, ce relief qui fait des œuvres d’Héléna autre chose que des polars de gare infiniment duplicables. Je parle en tout cas des textes pour lesquels il n’a pas eu la liberté qu’il méritait, pressé par des éditeurs lui demandant des textes calibrés et répondant à des critères bien précis… Il a pu dans certains, qui sont de véritables perles, donner libre cours à toute sa créativité et marquer à jamais le polar d’un encre indélébile et inimitable. Nous parlerons bientôt de certains de ces textes.

Pour finir et illustrer mon propos sur Rencontre chez Borniol, je laisse la parole à Frank Evrard qui écrivait ces mots très justes dans la préface d’une réédition de L’Homme de main (éditions e/dite, 2000) :

« Car il n’y a aucune illusion à se faire : André Héléna est un radical de la révolte. Pour lui, cette Planète des cocus, pour reprendre le titre de l’un de ses plus singuliers ouvrages (1952), œuvre de moraliste s’il en est, bien dans l’esprit de Voltaire et des Lumières, est un lieu de totale iniquité, une manière d’enfer, le trou du cul de la création. L’histoire de l’humanité et, plus précisément, celle de l’homme, relèvent de l’entropie généralisée du chaos. L’homme est le jouet des événements. Il ne peut échapper à leur engrenage, il n’a pas le choix, il n’a désormais plus le choix. L’a-t-il d’ailleurs jamais eu ? ».

Editions de la Flamme d'Or, 1952

samedi 5 janvier 2008

Donald Westlake. Personne n'est parfait.



Voici une petite merveille de polar et de drôlerie. Rivages a encore frappé en rééditant un très bon Westlake de 1978 (77 en langue originale). On retrouve le formidable Dortmunder, voleur aussi brillant que malchanceux et ses « partners in crime » tous aussi géniaux les uns que les autres.

Tout commence lorsque Dortmunder est sauvé, lors d’un procès, par un grand avocat tombé du ciel. Il s’aperçoit vite qu’en contre partie de ce miracle, il lui faut rendre à son tour un service. Et quel service. Il s’agit pour lui de dérober à son propriétaire, un tableau de maître intitulé La Folie conduisant l’homme à l’abîme (tout un programme !!) pour que ce dernier puisse toucher l’argent de l’assurance tout en gardant le tableau.

Tout aurait pu bien se passer si la soirée du vol, Dortmunder et sa bande de bras cassés (dont le fabuleux Kelp) n’avaient, en s’enfuyant, déclenché une bagarre dans un endroit rempli d’une centaines d’écossais ivres en kilt, perdant le tableau dans le feu de l’action…

La suite est tout aussi géniale et loufoque. La fin est purement hilarante !

Petite citation pour donner le ton:
« Je voudrais bien regarder ce film tranquille
- T’aimes pas les films.
- J’aime pas voir les films dans les salles de cinéma, dit Dortmunder, mais j’aime bien les vieux films qu’on passe à la télé.
- Et Kelp tu l’aimes bien aussi.
- Quand j’étais môme, j’aimais les cornichons aussi. Un jour je m’en suis tapé trois bocaux.
May protesta : « Andy Kelp n’est pas un cornichon »
Dortmunder ne répondit pas, mais il se détourne un instant de l’écran, pour lancer un coup d’oeil à May. Quand ils eurent, tous les deux, médité sur la vérité que May venait d’énoncer, Dortmunder reporta son attention sur la télévision »

Bonne lecture !
PS: Pour tous ceux qui seraient tentés d'acquérir ce livre pour de mauvaises raisons, à aucun moment vous ne verrez un personnage qui ressemble à la superbe créature de la couverture. Drôle de politique chez Rivages, pas bravo messieurs... (sacrée poupée quand même)

vendredi 4 janvier 2008

Mystérieux George Maxwell

Quelques marchés aux puces, beaucoup de patience, un peu d'argent.

(couvertures de Salva, éditions le Condor et Trotteur, 1952-1953)