dimanche 12 mai 2013
Jean Bernard
jeudi 20 janvier 2011
Gérard Failly et quelques autres / Folio Policier
- Ed McBain. N'épousez pas un flic. 1988. Ill. de Gérard Failly
- William R.Burnett. Quand la ville dort. 1989. Ill. de Rozier-Gaudriault
- James Eastwood. Bas les masques. 1987. Ill. de Gérard Failly
- Horace McCoy. Adieu la vie adieu l'amour... 1987. Ill. de Donald Grant
- David Goodis. L'allumette facile. 1987. Ill. de Gérard Failly
Nous reviendrons je pense sur Gérard Failly qui produisit les plus belles d'entre elles ainsi que nombre de couvertures pour la collection jeunesse Chair de Poule.





jeudi 23 décembre 2010
jeudi 16 décembre 2010
les jolies "Presses Noires"
Comme nombre de collections de littérature populaire, les Presses Noires couraient les rues avant de presque disparaïtre. Petit conseil aux collectionneurs novices, ramassez les dans les vide-greniers avant de ne plus en voir. Sinon vous vous mordrez les doigts comme les (presque) vieux cons comme moi qui choisissaient les Elvifrance à 50 centimes (de franc) dans les dépots-vente de province au lieu de tous les ramasser et qui maintenant les paient 3 euros pièce ou plus.
Un aperçu des diverses maquettes (+ d'infos et de scans ici)











lundi 5 juillet 2010
Noir retro - Editions Plon, 2010.
Attention les fauves de Brice Pelman, un roman noir à peu près bien mais hélas pas transcendant sorti au Fleuve Noir en 81.
Pour couronner le tout, les maquettes ont de la gueule (V.Podevin à la création graphique, dites moi que c'est une blague), c'est moins de 10 euros et c'est foutrement bien fait (petit topo sur l'auteur, bibliographie, reproduction des couvertures originales). Manquait qu'une préface mais on n'a pas tellement envie de reprocher quoi que ce soit à une si noble initiative!


samedi 27 février 2010
Doris Night, qui es-tu? Donne moi encore du plaisir

En voilà un petit pulp bien navrant comme je n'en avais pas lu depuis belle lurette! Publié aux mal nommées éditions Baudelaire, spécialistes du bidouillage, du repiquage, du détournement littéraire. J'ignore de quelle langue ce livre est traduit ou adapté (par Jacques Marcireau et Fliezer Fournier, si tant est que Fliezer soit un prénom humain), en tout cas il semble être écrit en langue française. Ou quelque chose d'approchant tant le style est réduit à un minimum de correction grammaticale suffisant à percevoir le sens du texte. J'exagère, mais à peine.
Ronnie Chew est un criminel recherché dans plusieurs états. Un jour il pénètre par la fenêtre dans le cabinet du chirurgien May à qui il suggère, en lui pointant un flingue sur la tempe, de lui refaire le visage contre une forte somme. May tourne une demi fois le serment d’Hippocrate dans sa bouche avant de réfléchir et... accepte. Sandra, la secrétaire frappe à la porte et entre. May la congédie fissa mais elle a juste le temps d’apercevoir son docteur tout suant des rides du front et la présence d’un autre individu. Louche tout ça. Quelques jours plus tard, après que May lui a donné un congé pour qu’elle ne découvre rien, elle aperçoit un rouquin sortir de l’immeuble par la fenêtre, il la voit et la frappe avec la crosse de son arme. Heureusement, elle avait un chignon, sa vie est sauve, youpi ! Et vivent les tifs!
Ahh quel suspense! Retrouveront-ils le bandit au « visage compleèen ranformé » (p.69)? On est en droit de se poser la question... Surtout que la tâche n'est pas facile. Pour l'auteur non plus d'ailleurs car il faut les meubler ces 150 pages, alors, eh bien, on va parler des Noirs tiens...
p.43: « Ils se turent tous les deux. D’autres voyageurs montèrent et quelques uns descendirent aux divers arrêts. La majeure partie, c’était des Noirs. Il y a beaucoup de Noirs à la Nouvelle Orléans ». Voilà, ça c’est dit. On a bien planté le décor maintenant.
Il y aura encore beaucoup de choses à dire des Noirs, en plus du fait qu'ils soient nombreux dans cette région des Etats-Unis d'Amérique j'entends... par exemple ils vont dans des clubs de Noirs. Faire des trucs de Noirs.
p.84 : « Ils pouvaient se livrer à leurs distractions favorites : danser, sauter et même se rouler par terre. »... « Pour ce qui est de sauter, on sautait aussi, lorsque le rythme de la musique y invitait » Moi je croyais que les Noirs, avec ou sans musique, sautaient et se roulaient par terre tout le temps... Heureusement que Doris remet les pendules à l'heure.
Bref, passons ces considérations ethnologiques qui nous dépassent un peu. Le but c'est de retrouver un type, qui n'est même pas noir d'ailleurs, il est juste brun, enfin il est devenu roux. Et ça se passe à la Nouvelle Orléans, là où il y a beaucoup de Noirs on a vu... Mais pas seulement :
p. 72: « Les problèmes commençaient à se simplifier. Il suffisait maintenant de trouver un rouquin vêtu de gris, mais dans une grande ville comme la Nouvelle-Orléans où abondaient les rouquins vêtus de gris, surtout à cette période de l’année, la tâche [humour rouquinier involontaire?] ne serait pas facile ». Eh oui, parce qu'il y a des périodes de l'année pendant lesquelles des hordes de rouquins vêtus de gris envahissent les rues avant de retourner dans leur pays de roux sous la terre, l'Agartha des roux!
Bref, la vie est dure, les soucis s'accumulent et les criminels, pendant ce temps, ils fuient, et ils essaient de tuer des jolies jeunes filles comme la secrétaire du docteur. Mais encore faut-il que ce navet de tueur à deux balles retrouve la belle pépée qui fuit aussi vite que les pages défilent:
p.78 (6 pages plus loin donc...): « Où habitait la fille ? Dans une des chambres de droite ou dans une de celles de gauche? Il décida d’explorer d’abord les chambres de droite. Dans aucune d’elles il ne découvrit Sandra. C’était sans doute à gauche quelle logeait ». Sans aucun doute, oui...
Mais bon, cette femme est rusée, c'est tout à son avantage. Son seul tort c'est quand même d'être une femme car: « Comme Sandra appartenait au sexe faible, elle se sentait des préférences accusées pour les hommes ayant du caractère et de la personnalité, et elle se laissa prendre par le bras sans protester. Horton lui sourit d’un air engageant ». Ahh ce fameux Horton, flic au grand coeur et séducteur devant l'éternel, il aura donc eu beaucoup de mal à la séduire la pauvre petite qui a perdu son papatron de toubib au bistouri malhonnête...
Si on arrêtait là tiens... j'ai mal au clavier... et un peu aussi aux neurones d'avoir osé m'immiscer dans ce régal de petit polar, ce lvre formidabl dan leque il manque envron huit letres par pag, emporté par « le vertige du rock-ans-roll » (p.88).
Doris Night. Passez Mr l'Assassin, Ed. Baudelaire, 1963. Couverture de Hodges
lundi 25 août 2008
Some of my favorite Jef de Wulf: "Crime parfait?"
jeudi 8 mai 2008
André Héléna. Le goût du sang
Il est toujours difficile pour moi d’évoquer de façon juste et objective un roman d’André Héléna tant cet auteur a touché quelque chose de vital en moi dans mes années d’adolescent. Un pessimisme radical, une noirceur qui colle au corps comme une pluie poisseuse un soir de novembre sur des pavés luisants d’espoirs déçus.
Le goût du sang fait partie des grands romans d’Héléna, de ceux qui dépassent largement la médiocre production alimentaire à laquelle il s’est restreint par faute de temps et de motivation. On touche ici, au contraire, à du grand art, à l’inscription dans un sous-genre d’un trait de plume existentialiste et vierge de tout chichi littéraire. Une bombe brute, noire et fatale.
Héléna situe l’action dans les lieux qu’il connait bien. Ici c’est Perpignan, pendant la guerre et après la Libération. Jacques Vallon est un jeune homme maladroit, laid, fils d’un magistrat qu’il méprise. Décidé, après mille renoncements, à surmonter sa timidité pour entrer dans un bordel afin de fêter l’obtention de son bac, Jacques se retrouve malgré lui, dans les toilettes du claque, témoin d’une conversation évoquant des meurtres de collabos. Surpris, le voilà, plus par fatalité que par réelle motivation, tueur dans la Résitance, lui qui jusqu’à présent prenait la vie comme un fardeau social, familial et (a)sexuel. Jacques déteste l’occupant et les collabos, mais pas réellement par principe. Ce qu’il déteste chez eux c’est leur pouvoir, ils ont l’argent et les filles. Ils ont tout ce qui lui manque. Il les effacera donc, avec son Luger, un par un. C’est alors que, peu à peu, au fil des exécution de miliciens, de pourris en tous genres, le gagne le « goût du sang » et que Jacques se métamorphose.
« A certains moments, au moment de tuer, quand on sent passer le souffle empuanti de la mort, un démon prenait l’enveloppe charnelle du fils Vallon. Et c’était ce démon fait homme qui tuait. » La fatalité poursuivra Jacques, comme on l’imagine bien, vers un final sans espoir, d’une noirceur tout simplement sublime et poétique dans sa radicalité.
(couverture de l'édition originale de Jef de Wulf, heureusement conservée dans la réédition Fanval)
mercredi 16 avril 2008
lundi 3 mars 2008
vendredi 1 février 2008
Guillermo Arriaga. Un doux parfum de mort
Un doux parfum de mort est tout d’abord paru chez l’excellent éditeur Phébus avant de renaître il y a quelques jours chez Points dans leur nouvelle (et plutôt réussie) collection consacrée aux romans noirs.
J’avoue que je ne connaissais pas Arriaga, ni de nom ni d’Eve, mais que sa lecture m’a donné envie d’approfondir mon approche du bonhomme.
Ce livre est, comme beaucoup des œuvres que j’aime, à peu près inclassable dans quelque catégorie que ce soit. Histoire d’amour trash post-mortem, western mexicain, roman noir, polar épicé, que sais-je…
Topo : Le fondement du Mexique, un trou perdu dans la canicule.
« C’est la nuit. La chaleur ne semble pas vouloir accorder la moindre trêve. Ni la poussière. La chaleur et la poussière poissent les corps. Les peaux exsudent de la terre. Des tourbillons de moustiques flottent dans l’air immobile et brûlant. Implacables, ils tourmentent les oreilles et piquent. Un trio de coyotes hurle dans la forêt. Les serpents à sonnette se tortillent sur les cailloux embrasés des sentiers. Les bêtes cherchent la protection des arbres contre le feu d’un soleil que l’obscurité n’a pas éteint. Au loin, la rivière et son grondement étouffé. Et la chaleur, la maudite chaleur qui asservit tout. »
Là si vous n’êtes pas dedans, c’est que vous n’avez pas lu… Il y a peu de passages descriptifs tels que celui-là dans le livre. Arriaga préfère dresser une galerie de portraits de types tout aussi pétés les uns que les autres, à qui visiblement le soleil a trop tapé sur le sombrero. Tous sont préoccupés par l’Evénement qui bouleverse leur petit patelin de Loma Grande, la mort d’une jeune fille, Adela, retrouvée nue et poignardée dans le dos. Dès lors, tous n’auront qu’une idée en tête, venger la petite (ou soulager leur haine) et dégommer le pourri qui a fait ça, qui qu’il soit, et même si ce n’est pas le bon… Ne comptez pas sur les flics pour changer l’ordre des choses, ils sont encore plus pourris que les autres.
Au milieu de tous ces allumés, Ramon, un jeune type qui gère le bar-épicerie du trou. Pauvre de lui qui se retrouvera « fiancé » à la défunte parce que tout le monde dit qu’ils étaient ensemble, lui qui ne l’a vue que trois fois… et qui sera chargé de tuer son assassin, un type accusé à tort de toutes ces atrocités… En gros personne n’a le bon rôle dans ce bouquin, excepté la connerie humaine qui elle est toujours à sa place.
Un bon livre donc, sur la bêtise des hommes, sur la violence la plus terrifiante, celle qui n’a pas de fondement autre que sa propre volonté de propagation. Un film, un jour ? Bientôt ? Peut-être ?
jeudi 17 janvier 2008
André Héléna. Rencontre chez Borniol.

Il y va, suivi de près par le costaud Dominique, son ami et garde du corps corse. Dans la salle, le cercueil est ouvert, entouré par une tripotée de malfrats et par une jolie jeune fille qui prétend être la nièce du défunt. Seulement Jean a beau regarder le macchabée, il ne le reconnait pas. Il comprend alors que tous ces types se sont gourés de client et veut en savoir plus. Personne ne voulant parler, les poings prennent le relais.
Jerôme et Dominique se réfugient ensuite dans un bar proche, où les rejoint la troublante jeune fille présente dans la chambre funéraire, Micheline Gayre…
Commence alors un polar plutôt classique dans lequel, à mes yeux, Héléna n’a pas eu le temps (ou l’occasion) de s’investir réellement et pour lequel il n’a pu fournir que les ingrédients demandés par l’éditeur. A savoir, un savant mélange de violence :
« Je regardai le type que j’avais flingué. Ses yeux commencaient à se révulser, les pointes de ses pieds raclaient le tapis et une mousse sanglante apparaissait à ses commissures. Il appareillait visiblement pour l’enfer. »
de légèreté :
« Une déesse c’était Micheline, une splendide statue païenne, avec des petits seins de marbre accrochés haut, un ventre plat, des hanches en amphores et, au milieu de son corps, une toison sombre qui prouvait qu’on peut être blonde comme une norvégienne et brune par certains côtés. »
Auquel Héléna rajoute, heureusement, car c’est ce qui sauve à mes yeux le livre, une dose de noirceur lourde et d’abjection existentielle. Jean Jérôme raconte qui il est vraiment à la fin du livre, un homme qui a fait une promesse, suite au viol et au meurtre de sa sœur, celle de la venger de la pourriture et de l’immondice qui enlaidissent notre monde :
« Je suis parti dans la nuit mouillée, comme un loup sur une piste, hagard, la tête haute et les doigts crispés sur mon automatique. Je savais où j’allais et ce que je voulais. Je le sais toujours et c’est la même chose » « Seul. Prêt à remettre la gomme dès qu’un de ces salauds m’en donnerait l’occasion ».
C’est précisément ça que j’aime chez Héléna, ces anti-héros confrontés à la poisse quotidienne, au sang cailleux qui vient se coller aux rayons du soleil, à la misère contre laquelle personne ne peut rien parce que… « la vie est dégueulasse » tout simplement comme disait Léo Malet. C’est souvent cette dimension supplémentaire, ce relief qui fait des œuvres d’Héléna autre chose que des polars de gare infiniment duplicables. Je parle en tout cas des textes pour lesquels il n’a pas eu la liberté qu’il méritait, pressé par des éditeurs lui demandant des textes calibrés et répondant à des critères bien précis… Il a pu dans certains, qui sont de véritables perles, donner libre cours à toute sa créativité et marquer à jamais le polar d’un encre indélébile et inimitable. Nous parlerons bientôt de certains de ces textes.
Pour finir et illustrer mon propos sur Rencontre chez Borniol, je laisse la parole à Frank Evrard qui écrivait ces mots très justes dans la préface d’une réédition de L’Homme de main (éditions e/dite, 2000) :
« Car il n’y a aucune illusion à se faire : André Héléna est un radical de la révolte. Pour lui, cette Planète des cocus, pour reprendre le titre de l’un de ses plus singuliers ouvrages (1952), œuvre de moraliste s’il en est, bien dans l’esprit de Voltaire et des Lumières, est un lieu de totale iniquité, une manière d’enfer, le trou du cul de la création. L’histoire de l’humanité et, plus précisément, celle de l’homme, relèvent de l’entropie généralisée du chaos. L’homme est le jouet des événements. Il ne peut échapper à leur engrenage, il n’a pas le choix, il n’a désormais plus le choix. L’a-t-il d’ailleurs jamais eu ? ».
Editions de la Flamme d'Or, 1952
samedi 5 janvier 2008
Donald Westlake. Personne n'est parfait.

Voici une petite merveille de polar et de drôlerie. Rivages a encore frappé en rééditant un très bon Westlake de 1978 (77 en langue originale). On retrouve le formidable Dortmunder, voleur aussi brillant que malchanceux et ses « partners in crime » tous aussi géniaux les uns que les autres.
Tout commence lorsque Dortmunder est sauvé, lors d’un procès, par un grand avocat tombé du ciel. Il s’aperçoit vite qu’en contre partie de ce miracle, il lui faut rendre à son tour un service. Et quel service. Il s’agit pour lui de dérober à son propriétaire, un tableau de maître intitulé La Folie conduisant l’homme à l’abîme (tout un programme !!) pour que ce dernier puisse toucher l’argent de l’assurance tout en gardant le tableau.
Tout aurait pu bien se passer si la soirée du vol, Dortmunder et sa bande de bras cassés (dont le fabuleux Kelp) n’avaient, en s’enfuyant, déclenché une bagarre dans un endroit rempli d’une centaines d’écossais ivres en kilt, perdant le tableau dans le feu de l’action…
La suite est tout aussi géniale et loufoque. La fin est purement hilarante !
- T’aimes pas les films.
- J’aime pas voir les films dans les salles de cinéma, dit Dortmunder, mais j’aime bien les vieux films qu’on passe à la télé.
- Et Kelp tu l’aimes bien aussi.
- Quand j’étais môme, j’aimais les cornichons aussi. Un jour je m’en suis tapé trois bocaux.
May protesta : « Andy Kelp n’est pas un cornichon »
Dortmunder ne répondit pas, mais il se détourne un instant de l’écran, pour lancer un coup d’oeil à May. Quand ils eurent, tous les deux, médité sur la vérité que May venait d’énoncer, Dortmunder reporta son attention sur la télévision »