lundi 5 juillet 2010

Noir retro - Editions Plon, 2010.

Pour les amateurs de vieux bidules populaires tout bizarres, les occasions de se réjouir en librairie sont assez rares. Alors le jour où j'ai appris que Plon, éditeur dont je n'attends à peu près rien, sortait une collection de rééditions de vieux polars de gare (mais pas que), mon sang s'est mis à imiter les flots du Yang-Tsé-Kiang à l'intérieur de mes veines, débordant de mon corps tel un tsunami horrifique. En gros j'étais jouasse. Au programme des festivités de "Noir retro", deux titres déjà parus en librairie:
Attention les fauves de Brice Pelman, un roman noir à peu près bien mais hélas pas transcendant sorti au Fleuve Noir en 81.
Le topo: deux jumeaux, Marieke et Patrick, vivent avec leur mère sur les hauteurs de Nice. Jourdain, leur voisin un peu malade des boyaux de la tête et de la zigounette, viole la mère et la tue en l'étouffant. Les enfants découvrent le corps de Doria et décident alors de tout faire pour éviter la pension. Un seul moyen s'impose à eux, faire comme si leur mère était toujours en vie, ne prévenir personne. On se doute bien qu'une telle situation est intenable. Débute alors un huis-clos assez captivant tout de même, tendu, noir et bien mené malgré une écriture assez pauvre qui plombe un peu le sujet du livre qui lui, était taillé dans l'or le plus pur. Un peu dommage mais tout cela n'est pas bien grave car le deuxième titre est un classique d'Auguste le Breton, Du rififi chez les femmes! Et c'est encore moins grave car on annonce pour les prochains mois Rictus de Ferrière, Le demi-sel d'André Héléna (grandiose!), Le doulos de Lesou et Noël au chaud de G.J. Arnaud !
Pour couronner le tout, les maquettes ont de la gueule (V.Podevin à la création graphique, dites moi que c'est une blague), c'est moins de 10 euros et c'est foutrement bien fait (petit topo sur l'auteur, bibliographie, reproduction des couvertures originales). Manquait qu'une préface mais on n'a pas tellement envie de reprocher quoi que ce soit à une si noble initiative!
D'ailleurs, Nathalie Carpentier, très chère directrice de cette collection, j'ignore qui vous êtes mais je vous aime de tout mon sang!


JEAN-PIERRE MARTINET


Un tel titre de post méritait bien l'usage de capitales. Jean-Pierre Martinet est mon idôle, je mange du Jean-Pierre Martinet, Jean-Pierre Martinet est mon ami sur facebookdelaudela.com, Jean-Pierre Martinet a sa gueule sur mon bagde préféré, mes futurs enfants iront tous les ans sur la tombe de Jean-Pierre Martinet, Jean-Pierre Martinet casse des briques en enfer, faites du bruit pour JEAN-PIERRE MARTINET !, dis-je en imitant Joey Starr sur le plateau de l'école des fans.

Editions originale de L'ombre des forêts, Ed. La Table Ronde, 1986.
(Et si par bonheur quelqu'un a l'amabilité de me procurer une image de la couverture de l'édition de Jérôme au Sagittaire, ou de La Somnolence chez Pauvert, je lui baise les pieds par avance)

Oncle Archibald

Pour les amoureux de vieilles couvrantes pin-upées (mais pas que), voici un lien bien utile:
http://jef-de-wulf.blogspot.com/

Oncle Archibald y propose un catalogue chronologique des couvertures réalisées par le grand illustrateur Jef de Wulf que tout bon amateur de littérature populaire se doit de connaître.
En cliquant sur le profil d'Archibald, vous découvrirez les autres blogs dont il est l'auteur. Bonne visite.


Gustave Binet-Valmer

Dans la série des livres qu'on achète pour la couverture, voici Du printemps à l'automne de Gustave Binet-Valmer (1975-1940). Signée G.Oudard (si on lit bien), le dessin de couverture et celui de la quatrième laissaient suggérer un texte fleurant bon le fantastique et l'étrange liés à quelque intrigue amoureuse. Au final il s'agit de "contes d'amour" d'un intérêt assez inégal mais qui, pour n'en avoir lu qu'une partie, ne m'ont pas non plus laissé indifférent. Binet-Valmer fut en son temps l'auteur de quelques best-sellers dont certains seraient sûrement à redécouvrir aujourd'hui tel ce Lucien (Ed. Ollendorff, 1910) qui aborde paraît-il le thème de l'homosexualité avec intelligence. Ne l'ayant pas lu, je me réfère à l'article dont je donne le lien ci-dessus. J'apprends également ici que Simenon fut un temps son secrétaire. Ce dernier confie à Francis Lacassin:
Je me rapprochais de mon ambition : j'étais devenu secrétaire d'un romancier. Au cours d'un banquet, mon père avait parlé avec son voisin de table de moi et de mon prochain départ pour Paris, où je n'avais pas encore d'emploi. Ce monsieur lui avait proposé de me recommander à un de ses amis écrivains qui cherchait précisément un secrétaire. Il s'agissait d'un homme bien oublié aujourd'hui, Binet-Valmer. Il publiait chaque année, alors, un roman en feuilleton dans le Journal, un ou deux autres dans les Œuvres libres de Fayard, et à peu près un conte par semaine, ailleurs. Mais il n'était pas tellement connu par la valeur de ses oeuvres que par son activité mondaine et politique. Il était — à l'époque c'était quelque chose d'important — président de « la Ligue des Chefs de section et des Anciens Combattants ». Je croyais devenir le secrétaire d'un écrivain. Pas du tout. On m'a mis dans un petit bureau où s'entassaient deux dactylos, dont la secrétaire de Binet-Valmer, et un monsieur qui était vaguement secrétaire de la ligue. Il m'a fait copier, en une vingtaine d'exemplaires chaque, et à la main, des quantités d'adresses. Tout cela pour rassembler, le cas échéant du jour au lendemain, des chefs de section et des anciens combattants. C'était l'époque où il commençait à y avoir des mouvements sociaux contre Poincaré, la Chambre bleu horizon venait d'être élue. Une fois de plus, je tombais exactement du côté contraire à mes convictions."
Ailleurs, on apprend de BV qu'"il se mêlait en même temps à la politique active et fut, dans de nombreuses conférences, un des orateurs de l'Action française"
Un bien étrange monsieur donc...