vendredi 8 février 2008

know this one anitaa? Clin d'oeil kubinien

En évoquant Kubin avec Manuel (qui participe à un très bon blog par ailleurs), j'ai repensé à ça...


Top 100 Favorite tracks - 1/10 -

Un gros post de fainéant... de temps en temps, ça ne fait pas de mal. En plus celui-ci ouvre une série de 10... à avoir une sélection de 100 titres qui ont fondé ou continuent à modeler, élargir et diversifier mes goûts en matière de musique. Hélas je ne posterai que ceux qui ont une vidéo sur youtube, ce qui limite pas mal les choses.
Il n'est pas question d'ordre de préférence dans ces 100 morceaux, c'est juste qu'il faut bien commencer et finir quelque part. Copie-colle Jeannine!

1/ Sonic Youth "Death Valley 69" (SY et Lydia Lunch, un must)



2/ The Breeders "Divine hamer" (plus de 10 ans qui me reviennent dans la gueule avec bonheur quand je réécoute ce groupe)



3/ Yael Naim "New soul" (léger)



4/ Dionne Warwick "The windows of the world" (la classe soul et les arrangements)



5/ Teenage Jesus and the Jerks "Orphan" (Lydia Lunch........ j'y reviendrai)



6/ Devendra Banhart "The ribon" (beau)



7/ DNA "Blonde red head" (qui inspira le nom d'un autre groupe que j'aime beaucoup)



8/ Throbbing Gristle "Discipline" (noisy sugar)



9/ Beyonce "Irreplaceable" (parce que)



10/ Radiohead "Pyramid song" (pour que Caracole me redise que je suis un mec bien)

mercredi 6 février 2008

Hommage à Violette Nozières



Voici un astre bien oublié de nos jours, Violette. Elle ferait au mieux un bon numéro de Faites entrer l’accusé. Elle fut pourtant au cœur des années 1930 le centre d’attention de toute une société, celle dont les valeurs familiales, la religion et la morale étaient, sans commune mesure avec aujourd’hui, des parengons de vie intouchables. Violette a tué, Violette a été punie. Sous le regard inquisiteur de ses juges, de la presse et de toute la pourriture bien-pensante en hauts de forme, elle fut condamnée à la peine capitale, commuée en perpétuité puisque l’on ne guillotinait plus les femmes dans ces années-là (cela reprendra sous Vichy…)

A 18 ans, Violette empoisonne ses parents avec un puissant somnifère. Sa mère survivra, son père non. Après son méfait, elle sort et reprend sa vie de libertine, de prostituée, tentant d’oublier que depuis l’âge de 12 ans, son père abusait d’elle en toute impunité, sous le regard mort et muet de sa mère.


(illustrations de Marcel Jean et Magritte)

Soucieux du sort de la femme dans ces années-là, fasciné par le courage, la liberté et le geste de Violette, le groupe surréaliste se mobilise et décide de produire un plaquette collective en hommage à la jeune femme, prenant ouvertement sa défense contre tout un pays. Ce seront, en décembre 1933, les éditions belges Nicolas Flamel qui publieront l’ouvrage, sous une couverture attribuée à Man Ray. Y participent : André Breton, René Char, Paul Eluard, Maurice Henry, E.L.T. Mesens, César Moro, Benjamin Péret, Gui Rosey, Salvador Dali, Yves Tanguy, Max Ernst, Victor Brauner, René Magritte, Marcel Jean, Hans Arp et Alberto Giacometti.
Il fallut attendre 1991 pour que Joëlle Losfeld, la fille de qui vous savez, réédite salutairement cet ouvrage important.
En voici à mes yeux quelques bribes qui défient le temps, tant d’un point de vue poétique qu’humain, quelques éclats.

« Violette rêvait de bains de lait
De belles robes de pain frais
De belles robes de sang pur
Un jour il n’y aura plus de pères
Dans les jardins de la jeunesse
Il y aura des inconnus
Tous les inconnus
Les hommes pour lesquels on est toujours toute neuve
Et la première
Les hommes pour lesquels on échappe à soi-même
Les hommes pour lesquels on n’est la fille de personne »

« Violette a rêvé de défaire
A défait
L’affreux nœud de serpents des liens du sang »

(extrait du poème de Paul Eluard)


(Isabelle Huppert dans Violette Nozières de Chabrol)

« Tous les rideaux du monde tirés sur tes yeux
Ils auront beau
Devant leur glace à perdre haleine
Tendre l’arc maudit de l’ascendance et de la descendance
Tu ne ressembles plus à personne de vivant ni de mort
Mythologique jusqu’au bout des ongles
Ta prison est la bouée à laquelle ils s’efforcent d’atteindre dans leur sommeil
Tous y reviennent elle les brûle »

« Ce que tu fuyais
Tu ne pouvais le perdre que dans les bras du hasard
Qui rend si flottantes les fins d’après-midi de Paris autour des femmes aux yeux de cristal fou
Livrées au grand désir anonyme
Auquel fait merveilleusement uniquement
Silencieusement écho
Pour nous le nom que ton père t’a donné et ravi »

(Deux extraits du poème de Breton)

Le groupe surréaliste adressa à la condamnée une gerbe de roses rouges.



« Mon père oublie quelquefois que je suis sa fille » (Violette Nozières)