Amis de l’étrange, bonjour. Voici un petit texte complètement inconnu, jamais réédité, dont on ne trouve aucune référence sur Internet. Bien dommage car s’il est écrit avec les pieds, ce livre est important car il traite d’un sujet peu évoqué à l’époque (du moins pas autant qu’aujourd’hui), celui du changement de sexe. Pour ceux que ça intéresse, il est titré La Vie Amoureuse d’un Passionné sur la couverture, titre auquel se rajoute Devenu Femme sur la page de titre, stratagème pour ne pas trop attirer les censeurs. Le texte est non daté (mais probablement des années 1925-30) et paru aux éditions Le Jardin d’Eros, 6 rue de Tracy à Paris.
Voilà l’histoire :
Jim Barnett est un milliardaire blasé et neurasthénique. Ses relations avec les femmes sont des échecs car toutes ne le désirent que pour son argent. De plus, il ne se l’avoue pas encore mais la finesse de ses traits et son élégance naturelle le font douter de sa virilité.
Un jour, alors qu’il se rend à Hollywood, il rencontre Daisy Linoch, une actrice en vogue. Il en tombe amoureux à tel point qu’il pense enfin avoir trouvé la femme à épouser. Alors qu’il a acheté la bague, il la trouve dans le même lit que son meilleur ami…Il se fait berner une dernière fois, escroqué par deux hommes de mèche avec une jolie créature qui lui fait le coup de l’amoureuse transie. Cette fois c’en est trop !Jim Barnett est un milliardaire blasé et neurasthénique. Ses relations avec les femmes sont des échecs car toutes ne le désirent que pour son argent. De plus, il ne se l’avoue pas encore mais la finesse de ses traits et son élégance naturelle le font douter de sa virilité.
Barnett prend le large sur son yatch. Il se retrouve à Hawaï où, parait-il, un professeur suédois du nom d’Olaf a fait une grande découverte. Il est capable de transformer les hommes en femmes et inversement ! Barnett est séduit par l’idée, moyen pour lui de s’assumer et de revenir en Amérique sous les traits d’une femme milliardaire, prêt à se venger de tous ceux qui lui auront fait affront.
Sur cette île de rêve, il rencontre une danseuse avec qui il a une brêve relation, la dernière pense-t-il avant de devenir une femme. Sa belle exotique l’informe qu’elle connaît le professeur Olaf en question et qu’elle voudrait elle-même devenir un homme (mais oui, bien sûr). Cela tombe bien car le professeur a besoin pour opérer de deux sujets mâle et femelle pour échanger les parties sexuelles et les glandes de chacun/chacune. La vie est si bien faite.
L’opération a lieu et après quelques mois au lit : « J’ai poussé un cri : jamais je n’oublierai l’impression que j’ai ressentie à ce moment-là… Devant moi le miroir me reflète l’image d’une jeune femme ravissante, au corps harmonieux, au visage merveilleux et délicat. De beaux seins ornent ma poitrine. […] et là, entre mes cuisses, mon regard éperdu se concentre sur une ravissante toison noire et bouclée, sous laquelle se devine un sexe de femme parfaitement constitué. ». Jim est une femme, et Loula un homme. Alors que les jours suivants ils prennent conscience de leur nouvel état et se parent des attributs de leur sexe, le désir fait surface et Loula désire Jim comme un type baraqué désire une jeune femme en corset et talons hauts. « Loula maintenant est plus forte que moi. Me broyant sous son étreinte, elle me chevauche avec furie et sa virilité nouvelle s’enfonce en moi-même de plus en plus, m’arrachant bientôt des soupirs d’extase ».
Il est temps de revenir à Los Angeles et de se venger de Daisy Linoch et Jack Morton son meilleur ami ! Jim prend une identité féminine et avec son argent et sa beauté, se fait vite une place dans la grande société. Il retrouve ses deux ennemis et promet à Daisy trois grands rôles dans de prochains films mais quelques jours plus tard, il lui apprend qu’il jouera lui-même ces rôles. La pauvre Daisy décontenancée se fait aussi voler par Jim ses dossiers sur tout le show business, lui assurant jusque là une réserve de chantages inépuisables. Jim pousse le vice jusqu’à lui proposer, comme seul moyen de la sauver, d’être sa boniche, ce qu’elle fait avec répugnance et soumission. La vengeance s’achève par Jack Morton qui, séduit par Jim devenu femme, oublie totalement Daisy et se retrouve face à face avec elle dans ses habits de soubrette pleurnicharde. Ignorant pourquoi Daisy se soumet à Jim, il reste avec lui quelques mois, lui faisant des cadeaux et se ruinant presque. Enfin, Jim révèle tout au grand jour, Jack se suicide et il part vivre à Hawaï où il retrouve Loula, femme devenue homme avec lequel il vit le parfait amour, gardant auprès de lui comme esclave et boniche la pauvre Daisy Linoch. Jim se montre d’ailleurs d’une rare violence avec elle.
On sent que pourrait alors commencer un roman sadique dans la veine des grands textes de flagellation des années 30. Ralph d’Ervilier serait-ils l’un des prolixes auteurs de ce mouvement… On n’en saura probalement jamais rien.
Ps : Les illustrations, anonymes elles aussi, n’ont probablement pas été faites spécialement pour cet ouvrage car à aucun moment on ne voit Jim Barnett avec plusieurs femmes. Les autres illustrations n’ont pas non plus de rapport direct avec le texte au milieu duquel elles sont positionnées.
5 commentaires:
Salut, j'ai quitté la France depuis un mois et demi pour venir m'installer au japon (http://legrandsoir.blogspot.com). Habitué des puces, ça me manque de ne plus retourner des cartons de livres et autres papiers à la recherche de textes, images ou documents oubliés...Ici, je n'ai rien trouvé de similaire et je ne maitrise pas encore les caractères donc l'écrit reste hermétique (Il doit pourtant y avoir des perles ici aussi !)
Ton blog permet de combler un peu ce manque ! Très interessant et très bien fait ! Merci...
Petite préconisation : j'aime beaucoup les bouquins des "publicistes" Vautel et Fouchardière. En général les bouquins ont des belles couvertures et sont assez intéressants à lire ! Normalement, on les trouve à deux euros en bon état...
Ciao
Hello! merci pour ton passage et tes commentaires. Ca fait plaisir d'avoir autre chose en face que des types qui sauvegardent une à une 150 images que tu t'es fait chier à scanner sans prendre 2 secondes pour écrire un mot... j'arrête de grogner... Le Japon est un rêve pour moi, j'espère que tu t'y plairas, il y a forcément des perles aussi oui. Parles en sur ton blog si tu déniches des trucs... C'est de Clément Vautel dont tu parles (mon curé chez...etc)? J'ai aperçu plusieurs fois ces livres, en me demandant ce que valaient les textes, complètement tombés dans l'oubli aujourd'hui...
Y'a pas que des mecs ici cher Losfeld :)
J'aime bien le trait sobre de cet illustrateur.
C'était une façon de parler chère Anitaa. Et heureusement que quelques exceptions confirment les règles.
Yes je parle effectivement de Clément Vautel et de Georges de la Fouchardière...Ils ont écrit des tas de livres, parfois ensemble, en général assez satyriques et assez marrants...
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