jeudi 3 juillet 2008

Jack Ray. Sergil chez les filles (Une corona Claudine?)

Jack Ray. Sergil chez les filles. Ed. Corona, 1954.

Connaissez-vous Jack Ray, enfin Jacques Rey (un peu moins sexy)? Le scénariste du film Sergil chez les filles (avec Paul Meurisse et Claudine Dupuis), adapté du livre éponyme que voici? J’avoue qu’avant de lire le livre, je m’en tamponnais complet de Jack Ray, et que c’est encore le cas après. Encore un polar à moitié (j'suis sympa) raté, dont l’adaptation cinématographique n’a même pas, semble-t-il, séduit René Château pour une sortie en VHS ou DVD. Aux oubliettes… Et bien non! vous saurez tout sur ce bouquin, que vous le vouliez ou non !
Comme souvent, c’est la couverture super chiadée et mauvais genre à souhait qui m’a accroché l’œil. Non signée hélas, connaisseurs, manifestez-vous…
Le bouquin donc… C’est plutôt correctement écrit, enfin pas de fulgurances stylistiques et une nette tendance à la répétition d’expressions du genre « pris comme un rat dans une ratière » (au moins 3 occurences…)
L’action se déroule à Marseille après-guerre, après la fermeture des maisons closes. Tout commence dans un bordel clandestin justement, tenu par Mme Irène et Fernand. Une petite dizaine de filles s’occupent des clients, quelques gros commerçants et hommes politiques locaux… Rien que de bien banal jusqu’à ce que Marinette, la vieille servante, se fasse assassiner à coups de barre de fer dans le crâne. C’est une affaire pour Sergil ça !
Voilà donc le beau Sergil, amoureux de l’action et de la chasse à l’homme, tombeur de ces dames, en personne. Ca va chier dans les chaudières ! Il n’aura de cesse de débrouiller les fausses pistes, de visiter de jolies pépées pour essayer d’en savoir un peu plus. De vilains bougres viendront s’interposer et salir sa jolie veste… « L’inspecteur fit une moue en considérant les gouttes de sang qui tâchaient son veston. D’une pichenette, il fit sauter un débris de cervelle sur son revers, puis il vint vers la table, récupéra son portefeuille, son étui à cigarettes, et avant toute chose, il alluma une gauloise ». La classe suprême quoi…
Je vous passe les détails de l’intrigue, qui en comporte une sacrée foultitude, les personnages aux noms savoureux comme Gougeon (un flic, vous l’aurez deviné), Bouche-en-cœur (une prostituée, vous l’aurez deviné) ou Martin-Les-Trois-Doigts (un malfrat ? non, vous croyez ?). Il y a aussi la bande à Mario, la bande à Gaston, un collectionneur de capsules qui en a de très rares ou encore le mystérieux Bob-Le-Fada qui devient, quelques 100 pages plus loin, Jo-Le-Fada… heureusement que certains lecteurs prennent des notes !
En soi, l’intrigue, on s’en fout. Ce qu’il faut sauver de ce livre est son caractère oulipien. Visiblement imbibé(e) de pastis, l’énergumène qui a tapé le texte a oublié la moitié des lettres ou les a tapées dans un ordre assez aléatoire, produisant ainsi une avalanche de coquilles toutes plus belles les unes que les autres : « trois minutes plus atrd », « sans s’inquiéter de la cirrulation » (inquiète toi de ta cirrhose plutôt !), « au nmuéro 12 », etc. Le climax de cette folie linguistique se situe aux alentours des pages 160-162, en pleine course poursuite, comme si la dactylo ivre et prise dans l’action, ne contrôlait plus sa frappe, laissant derrière elle autant de coquilles que de verres vides. « Il suait, lui aussi, l’assassin, car la per l’envahissait. » (admirez, outre la coquille au pastis, l’admirable construction de cette phrase)… Page suivante : « Il n’avait plus qu’une solution, mettre ne balle dans le pare-brise de l’atre voiture, et l’arrêter par tous les moyens ». Allez tape Claudine, on s’en fout que t’aies les doigts en forme de cuillère, faut me finir ce livre pour ce soir ! Je suis même allé jusqu’à me demander si toutes ces lettres oubliées ne finiraient pas par composer le nom du tueur, mais là je crois que je mets trop d’espoir et de rêve dans cette saleté de littérature populaire, que j’adore.

18 commentaires:

  1. ouais jacot, fais péter le pastis !!!

    sinon, martin-les-trois-doigts, c'est pas plutôt un nom de prostitué adepte de certaines pratiques déviantes ?

    RépondreSupprimer
  2. T'as vraiment l'esprit mal placé...

    RépondreSupprimer
  3. C'est juste que son dactylo c'était peut-être Martin les trois doigts...
    Nico du Bengale
    P.S : hein quand tu veux tu me fais un lien vers mon blog:)

    RépondreSupprimer
  4. Losfeld a écrit : " Comme souvent, c’est la couverture super chiadée et mauvais genre à souhait qui m’a accroché l’œil. Non signée hélas, connaisseurs, manifestez-vous… "

    Il s’agit d’une couverture de René Brantonne qui, ici, comme à de rares exceptions, n’a pas signé son travail.

    Outre que cette couverture est bien référencée comme étant de Brantonne dans l’article de François Ducos " Aujourd’hui on expose : René Brantonne ", paru dans le n°9 du Rocambole (hiver 1999), et que le même article nous informe que certaines des couvertures illustrées par Bantonne sont inspirées d’acteurs célèbres (Jean Gabin, Johnny Weissmuller, Michel Simon, Paul Meurisse), il faut constater qu’une fois de plus, Brantonne a utilisé les étoiles comme signature indirecte…..
    Les aficionados du célèbre illustrateur n’ont pas manqué de remarquer que, très souvent, Brantonne entoure les titres qu’il dessine au dos des ouvrages par deux petites étoiles à cinq branches… Ceci est particulièrement flagrant pour la première série des 273 numéros de la Collection Anticipation de Fleuve Noir, mais aussi pour la collection des Jean de la Hire chez Jaeger et chez d’Hauteville, et encore pour la collection Espionnage-Aventure-Police aux éditions des Roses…, mais on retouve cette signature indirecte un peu partout, tel que La môme a trop parlé (ed. Franco-Belges), La nuit qui ne veut pas finir (ed France Empire), Ça la fout mal ! (ed. La Technique du Livre), Mission à Moukden (ed. du Globe), De l’or sur nos carcasses (ed. du Condor), Mercredi Saint (ed. Charlot), Sergil et le Dictateur (ed. L.M.E.),…..
    Regardez au dos de Sergil chez les Filles…. Et vous y découvrirez certainement les étoiles de Brantonne…

    TontonPierre

    RépondreSupprimer
  5. Merci beaucoup pour ce commentaire riche d'informations !! Les étoiles y sont!
    Je me suis permis de faire quelques recherches à partir de votre pseudo et suis tombé sur un message de vous annonçant une parution sur les ed. de l'Arabesque! Peut-on en savoir plus? A quoi ressemblera ce travail? J'espère un jour l'avoir dans mes rayons en tout cas!

    RépondreSupprimer
  6. merci de l'intérêt que vous portez sur ce type de maison d'éditions.

    Vous en dire plus en utilisant le support de votre blog serait un peu long..., mais comme j'ai noté que vous êtes parisien et que vous connaissez l'espace Georges Brassens, il serait possible de s'y retrouver un de ces dimanches (un dimanche où vous n'êtes pas à l'embauche chez Virgin), et pourquoi pas un de ces dimanches où le bouquiniste "qui en vend... mais à 50 ou 100 euros" serait là... cela pourrait faire d'une pierre deux coups... pourquoi pas en octobre ?!

    TontonPierre

    RépondreSupprimer
  7. Oh oh j'espère n'avoir pas été offensant... mais la réalité est ainsi faite que je ne pourrai pas mettre plus de 20 euros dans un André Héléna que je veux vraiment tant que je serai au smic chez Virgin... Bref, je passerai vous voir un de ces dimanches pour en savoir plus sur cet opus consacré à l'Arabesque! Vous ne revenez pas à Brassens avant octobre?

    RépondreSupprimer
  8. Réponse à Losfeld.
    Je vais à l'espace Georges Brassens une fois par mois, et en général lorsque Guy DAVID, le bouquiniste en question, y est; - en général le week-end vers le 15 du mois - . En Août... c'est rapé, et en septembre.... je pars en vacances en Tunisie... avec les retraités !!!
    A bientôt
    TontonPierre

    RépondreSupprimer
  9. J'avais (mal) compris que vus étiez le bouquiniste en question... Bref, pas de problème pour octobre donc, faites-moi signe!

    RépondreSupprimer
  10. Comme demandé, je fais signe...

    Je passerai à Georges Brassens le dimanche 5 octobre après-midi. Si le coeur vous en dit, on pourrait se retrouver sur les coups de 15 heures sur la partie découverte qui sépare le marché du haut et celui du bas.

    A bientôt
    TontonPierre

    RépondreSupprimer
  11. Il y avait une chance sur deux pour que je bosse ce jour-là, c'est gagné... Une autre fois peut-être...

    RépondreSupprimer
  12. eh bien alors le mois suivant. Je vous proposerai la date courant octobre...
    TontonPierre

    RépondreSupprimer
  13. Comme convenu, je vous propose deux dates pour le lois de novembre : le 16 ou le 23. à vous de choisir, le lieu et l'heure restant inchangés.
    à +
    TontonPierre

    RépondreSupprimer
  14. Merci, je n'ai pas encore mon emploi du temps pour novembre. J'espère quand même que d'ici là je ne serai plus en arrêt maladie. Je confirmerai tout ça dans ce message début novembre.

    RépondreSupprimer
  15. Désolé j'avoue avoir oublié de répondre au début du mois mais de toute façon je ne pourrai venir à aucune de ces dates... Encore raté désolé. Pour les prochaines fois, mon mail est dans mon profil, ce sera plus pratique.

    RépondreSupprimer
  16. http://www.renechateauvideo.com/detaild.aspx?c=7467
    Enfin disponible ! Le DVD rené chateau de Sergil Chez Les Filles !
    (on notera aussi dans les sorties du mois de Janvier un Marco Polo avec Yoko Tani !!! Vive René !)

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.