jeudi 17 juillet 2008

André Héléna. La Belle Arnaque


André Héléna. La Belle Arnaque. Ed. S.N.E.V., non daté (1959 ?)

La Belle Arnaque n’est pas un grand roman d’Héléna, mais il tient la route dans le sens où il s’apparente plus à un pamphlet qu’à un roman populaire léger de l’époque (comme la couverture pourrait le suggérer). Ce livre, à ma connaissance, n’a jamais été réédité et a pour réputation d’être l’un des plus difficiles à dégotter.
Héléna y raconte l’histoire d’une pauvre jeune fille, Simone, qui fut violée par un inconnu puis par son beau-père. Alors qu’elle s’apprétait à se suicider, elle est sauvée par Romuald, écrivain mais surtout nègre et lecteur pour l’éditeur Drouille (un nom un peu trop bien choisi pour ne pas être caricatural, un peu dommage…), qui flaire le bon coup et raconte l’histoire de la malheureuse à son patron. Un livre est sur les rails, qui bien entendu fait un succès tonitruant avant même sa parution, tant les cocktails et les articles dans la presse font l’œuvre avant l’œuvre. On sent qu’Héléna règle ses comptes avec le milieu de l’édition, et certains spécialistes de ce milieu pourraient sûrement mettre un nom sur chaque personnage de ce livre. Au passage, on croise des noms réels comme Minou Drouet, cette poétesse de 10 ans qui fit un succès avec son chef d’œuvre… Arbre mon ami (on prétendit à l’époque que sa belle-mère l’aurait aidé à tenir la plume, Roland Barthes analysa même le phénomène dans Mythologies, etc.), Gallimard ou autre Léo Malet.
Une fois le livre de Simone paru, un second suit qui raconte ses amours homosexuelles avec une poétesse de l’époque, écrit par cette dernière en personne… Le succès ne vient pas, Simone s’est habituée aux fastes du Fouquet’s et à la reconnaissance. Le retour à la réalité n’en est que plus douloureux, elle rejoint les bords de Seine pour une deuxième tentative désespérée…
Héléna, qui vient de la poésie et du roman noir de grande qualité, ne fait ici qu’une bouchée des éditeurs peu scrupuleux qui vendent leur âme pour un bon coup, raconte une partouze alcoolisée et la bassesse de ce milieu si éloigné de ses aspirations originelles. On se demande si la Société Nouvelle des Editions Valmont, qui publie ce texte, a pris soin de le lire d’ailleurs… Bref, un texte intéressant et atypique dans la carrière de cet auteur prolixe et qui, mieux que personne, avait son mot à dire sur les éditeurs véreux de l’époque qui ont fait de lui un auteur populaire de seconde zone, ce qu’il était loin d’être !

1 commentaire:

  1. ah ben ça alors ! il a vraiment l'air très très bien ce Héléna.
    et j'aime beaucoup la quatrième de couverture...

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