Paru en 1948 aux éditions de l’Alma (seul un Bernard Joubert pourrait nous en dire plus sur cet éditeur…), Clayton’s College est devenu un petit livre cul-te de cette période. Plusieurs fois réédité (Régine Deforges, puis en poche), ce livre érotique ne casse pas des briques mais se laisse lire. Je ne révèle rien en disant que derrière le pseudonyme de Connie O’Hara se cache le romancier et dramaturge belge José-André Lacour.
Dans la vallée de la Morave, Clayton’s College s’est vidé à cause des vacances scolaires. A quelques pas se trouve le Davila’s College qui n’accueille que des garçons.
Archie Boni et sa femme dirigent le premier établissement, accompagnés par Mae, la femme de ménage et sa fille, ainsi que par Job, le jardinier et « homme à tout faire » du collège. C’est lui que l’on voit sur la superbe couverture de l’édition originale, suant la perversité.
Les seuls élèves qui occupent encore les lieux sont Brenda Flemming et Conception Tansillo. En face, Joël Lincoln, le petit ami de Brenda qui a cependant le béguin pour Conception.
Entre tous ces personnages s’élaborent toutes les combinaisons possibles de la luxure hétérosexuelle. Ainsi l’on voit Job peloter la fille de Mae puis Brenda, qui fait quelques pages plus loin mumuse avec Joël. M. et Mme Boni, non contents de se livrer entre eux à des jeux coquins, folâtrent avec les élèves. Etc.
Job, quant à lui, tient le rôle du benêt. Il observe plus qu’il n’agit, en gros malotru obsédé.
La grande réussite à mes yeux de ce texte tient dans les descriptions de la nature et de l’atmosphère des lieux. Entre chaque scène de sexe, Lacour dessine avec talent la lourdeur du ciel, des orages menaçants, la moiteur qui fait transpirer le corps et l’esprit de tous les protagonistes.
« On était tout le temps mouillé et brûlant et l’on avait envie de se frotter aux arbres et à la terre, et l’eau même des étangs, aspirante et tiède, était comme un grand ventre où l’on se serait laissé couler. »
Cette chaleur semble contaminer les personnages comme d’étranges radiations dans les films de série Z, faisant d’eux non pas des zombies mais des bêtes assoiffées de sexe, ne contrôlant plus leurs pulsions, reléguant bien loin d’eux toute forme de morale.
L’ « anxiété charnelle » les gagne. Aucun d’entre eux ne contrôle plus rien jusqu'au déchaînement final de Job qui furieux de désir, ira jusqu’à violer Brenda et la laisser pour morte près de l’étang.
Voici donc un livre moite et orageux, au sexe interdit et pulsionnel, en milieu clos, oppressant, autant d’éléments qui lui vaudront les foudres de la censure.
On trouve aujourd’hui cet ouvrage aux éditions de la Musardine, sous une couverture inintéressante que je ne reproduirai pas ici, préférant de loin l’originale hélas anonyme.
Moi aussi, j'aime la nature et qu'on sache la décrire subtilement....
RépondreSupprimerJe viens de découvrir ton blog et je suis certaine que j'y reviendrai !
RépondreSupprimerBravo pour la photo de présentation du blog qui est magnifique
J'ai fait un post (images) sur mon blog au sujet de l'histoire de l'oeil dans l'Art.
A bientôt peut-être !
http://anitaasblog.over-blog.com/
RépondreSupprimerEn réponse à ta question : non je n'ai rien vu passer.
RépondreSupprimerMais je découvre avec plaisir ton blog qui m'a l'air de très belle tenue, avec de quoi faire encore des découvertes esthétiques. Je te signale immédiatement dans mes liens.
Bonne continuation.
Je n'ai, hélas, que la réédition MUSARDINE... mais c'est mieux que rien. Je n'ai pas eu l'occasion, cependant, de lire le livre. Ça semble assez lourd et moite, gardons cela pour l'été !
RépondreSupprimerMerci lucie pour ton passage.
RépondreSupprimeranitaa, la photo vient d'une pochette de "Disco Volante" de Mr Bungle.
A bientôt ici ou ailleurs, ravi que tu aies trouvé de l'intérêt au carrefour.
Désolé pour le mail perdu MS. C'était juste pour t'envoyer le texte sur "Londres Express" mais je n'avais pas encore créé ce blog où je l'ai intégré, donc... plus grand intérêt...
Merci pour ton commentaire, je continue à suivre ce que tu fais avec attention et curiosité.
Tu me donneras donc ton avis en fin d'été Frédérick. Si je trouve à nouveau l'original sur un marché aux puces pour un prix dérisoire, je te ferai signe.
Merci ! Puisque nous parlons d'éditions originales, dis-moi, camarade, les livres de la collection "Angoisse" du Fleuve Noir sont-ils aisément trouvables en France ? Je cherche particulièrement les premiers titres de Marc Agapit (Nuits rouges, etc.)
RépondreSupprimerIls ne courent vraiment pas les rues! En 6 ans j'ai dû en trouver 3 dans des bacs-à-fouille. Quant aux tout premiers je n'en parle même pas. En même temps je ne les ai pas vraiment cherchés. J'avais un super plan niveau prix d'un libraire bordelais mais il vient de prendre sa retraite...
RépondreSupprimerDommage !
RépondreSupprimerMais des infos, toutefois.