samedi 5 janvier 2008

Akira Yoshimura. Voyage vers les étoiles



Né en 1927 dans un quartier populaire de Tokyo, Akira Yoshimura est mort le 31 juillet 2006. Il fut l'un des très grands écrivains japonais de son temps. Voyage vers les étoiles fait écho à deux autres nouvelles publiées au Japon dans un même recueil, intitulé en France: La Jeune Fille suppliciée sur une étagère (Actes Sud, 2002; Babel, 2006)

La première nouvelle, Un spécimen transparent, raconte l’histoire de Kenshiro.
Cet homme d’une soixantaine d’années travaille dans un hôpital. Son travail depuis plus de 30 ans consiste à prélever et traiter des spécimens osseux sur des cadavres. Ce métier qui sent la solitude et la mort est un héritage indirect de son père, ciseleur, qui confectionnait des pipes en y gravant des scènes pornographiques sur des os humains qu’il avait récupérés sur les cadavres d’un tremblement de terre. Le jeune Kenshiro ne se remettra pas de cette découverte et gardera pour ce contact avec les corps une fascination réelle. Solitaire et cultivant l’écart, son métier à l’hôpital lui convient tout à fait. le seul hic à son mode de vie est que les femmes avec qui il a eu des relations l’ont toutes quitté en apprenant d’où venait cette odeur de mort sur lui et la nature de son travail. Un jour il fait la rencontre de Tokiko, une veuve, et sa jeune fille Yuriko. En échange du règlement des études de Yuriko, Tokiko accepte le mariage. Kenshiro pense enfin avoir trouvé celle qui restera avec lui pour toujours.

Perfectionnant son art du traitement des os une fois rentré chez lui, Kenshiro parvient, sur le crâne d’un lapin, a réaliser ce qu’il espérait : obtenir des os transparents, d’une limpidité parfaite. Fier de sa découverte, il est pourtant en butte avec sa hiérarchie qui le méprise car il est un modeste exécutant et non un médecin diplômé. Ce qu’il voudrait par dessus tout c’est un corps humain récemment décédé pour reproduire cette expérience seulement son supérieur le lui refuse, ce genre de cadavres étant denrée rare et destiné avant tout aux étudiants.

Une nuit, la mystérieuse Yuriko est prise d’une toux violente et décède d’une pneumonie aiguë. Kenshiro voit alors l’occasion rêvée de réaliser son expérience scientifique et morbide sur sa propre belle-fille et dès le lendemain il s’empare du cercueil, le met dans sa voiture et se dirige vers l’hôpital.

La deuxième nouvelle est moins surprenante. Elle met en scène des jeunes de Tokyo mal dans leur peau, qui ne vont plus en cours et errent à longueur de journée. Le jour où Keichi rencontre le groupe, il ne sait pas encore jusqu’où cela va le conduire. En effet un jour, ne sachant plus trop quoi faire pour passer le temps, l’un des jeunes lance l’idée d’un suicide collectif. Malaise et envie partagent les membres du petit groupe. Ils décident alors de partir « en voyage », l’un d’eux s’empare d’un camion et ils partent mettre à exécution leur projet sur le bord d’une falaise.

Deux très étranges textes sur les rapports ténus entre la vie et la mort. Un vieux solitaire dont le métier est de préparer des spécimens osseux à la recherche du corps parfait. Un groupe de jeunes désabusés prêts à faire le grand saut collectif vers les étoiles de l’au-delà. Dérangeant, obsédant Yoshimura décrit le malaise en une écriture froide, glaciale et poétique.

Donald Westlake. Personne n'est parfait.



Voici une petite merveille de polar et de drôlerie. Rivages a encore frappé en rééditant un très bon Westlake de 1978 (77 en langue originale). On retrouve le formidable Dortmunder, voleur aussi brillant que malchanceux et ses « partners in crime » tous aussi géniaux les uns que les autres.

Tout commence lorsque Dortmunder est sauvé, lors d’un procès, par un grand avocat tombé du ciel. Il s’aperçoit vite qu’en contre partie de ce miracle, il lui faut rendre à son tour un service. Et quel service. Il s’agit pour lui de dérober à son propriétaire, un tableau de maître intitulé La Folie conduisant l’homme à l’abîme (tout un programme !!) pour que ce dernier puisse toucher l’argent de l’assurance tout en gardant le tableau.

Tout aurait pu bien se passer si la soirée du vol, Dortmunder et sa bande de bras cassés (dont le fabuleux Kelp) n’avaient, en s’enfuyant, déclenché une bagarre dans un endroit rempli d’une centaines d’écossais ivres en kilt, perdant le tableau dans le feu de l’action…

La suite est tout aussi géniale et loufoque. La fin est purement hilarante !

Petite citation pour donner le ton:
« Je voudrais bien regarder ce film tranquille
- T’aimes pas les films.
- J’aime pas voir les films dans les salles de cinéma, dit Dortmunder, mais j’aime bien les vieux films qu’on passe à la télé.
- Et Kelp tu l’aimes bien aussi.
- Quand j’étais môme, j’aimais les cornichons aussi. Un jour je m’en suis tapé trois bocaux.
May protesta : « Andy Kelp n’est pas un cornichon »
Dortmunder ne répondit pas, mais il se détourne un instant de l’écran, pour lancer un coup d’oeil à May. Quand ils eurent, tous les deux, médité sur la vérité que May venait d’énoncer, Dortmunder reporta son attention sur la télévision »

Bonne lecture !
PS: Pour tous ceux qui seraient tentés d'acquérir ce livre pour de mauvaises raisons, à aucun moment vous ne verrez un personnage qui ressemble à la superbe créature de la couverture. Drôle de politique chez Rivages, pas bravo messieurs... (sacrée poupée quand même)

vendredi 4 janvier 2008

Mystérieux George Maxwell

Quelques marchés aux puces, beaucoup de patience, un peu d'argent.

(couvertures de Salva, éditions le Condor et Trotteur, 1952-1953)